Le Grau du Roi
Un Grau désigne un canal, perpendiculaire à la mer et qui marque la communication entre les eaux de mer et les eaux intérieures.
Un Grau se crée au point le plus faible du cordon littoral, à l'occasion d'une crue ou d'une tempête, et donne par nature une eau très poissonneuse.
L'histoire du Grau commence lors d'une crue du Rhône, à la fin du 16ème siècle, qui envahit l'étang du Repausset.
Le lieu est alors baptisé "le Grau Henry" en l'honneur d'Henry 4 qui entreprit les premiers travaux d'aménagement.
La légende voudrait que St Louis y soit passé sur la route de Jérusalem mais un léger contre-temps historique se dessine, quand on sait que Louis IX est mort trois siècles plus tôt...
Le Grau du Roy au 17ème siècle
Commence alors une longue série de travaux pour maintenir cette ouverture sur la mer afin de préserver la navigation dans le port d'Aigues Mortes.
En 1727, deux môles empierrés sont construits dans la mer et prolongés dans l'étang du Repausset jusqu'à Aigues Mortes.
Ce chenal, rectifié en 1845, est le canal toujours en place de nos jours. Il est régulièrement dragué pour éviter l'envasement.
Les premiers migrants, pour l'essentiel des pêcheurs Italiens, posent les bases du village actuel en construisant les premières maisons en dur. Les bâtiments administratifs vont vite suivre..
Le Grau du Roi devient autonome en 1879 et n'est alors qu'un modeste village d'à peine un millier d'habitants. La pêche et l'agriculture assurent l'essentiel des ressources.
Pourtant depuis quelques années le tourisme balnéaire est en vogue et les premiers frémissements d'une nouvelle économie basée sur le tourisme se font sentir..
Les bains de mer, sous couvert de la médecine, vont animer la vie calme des pêcheurs et des pensionnaires de l'établissement catholique.
A l'origine, ces immersions sont considérées comme des traitements médicaux et les instituts qui se sont montés sur les plages accueillent surtout les habitants du gard et des environs. Mais les pouvoirs publics se rendent vite compte de la richesse des plages de sable fin entre mer et soleil !
Le prolongement de la ligne de chemin de fer Nimes-Aigues mortes est une véritable bouffée d'oxygène non seulement pour le tourisme mais aussi pour les productions locales (en particulier poisson et raisin blanc) qui peuvent être expédiées vers les marchés nationaux.
La création de la gare est à l'origine des premières arrivées massives de vacanciers.
Tout reste cependant à bâtir : refaire le chemin de halage, construire un pont, assurer l'alimentation en eau potable, assainir les rues et les maisons...
Avant la création du pont, les deux rives étaient accessibles par un bac
Après des années de travaux et de règlements sanitaires, la station est déclarée "station climatique et balnéaire" par le président Millérand en 1924.
La modernité et le confort entrent alors lentement dans la vie quotidienne des villageois et le Grau du roi prend doucement des allures de station balnéaire.
A la veille des années 30, la physionomie du Grau a radicalement changé. Le village a aussi la chance d'être relativement préservé du marasme engendré par la crise économique mondiale de 29.
Le succès de la station balnéaire se confirme d'année en année, et la création du sanatorium apporte même un supplément de notoriété.
En Septembre 1939, la guerre éclate et le Grau ne peut plus fermer les yeux sur les évènements.
En 1942, la vie se trouve modifiée avec l'arrivée des troupes du Reich qui s'installent sur tout le littoral. Une partie de la population est contrainte à l'exode, les plages sont hérissées de pyramides en béton et autres systèmes antichars, 800 hectares de vigne et 2000 d'herbages sont transformés en champ de mines.
Le Grau est libéré en Août 1944.
Malgré cela, le village peine à retrouver son dynamisme. Ce n'est que dans le milieu de la 2ème moitié du siècle que les dégâts de la guerre sont peu à peu surmontés.
La station amorce alors un véritable développement économique et touristique. Les réalisations de cette époque préparent la ville à ce qu'elle est aujourd'hui.
Ce n'est plus une petite plage, sommairement aménagée mais un village qui se transforme en élégante station balnéaire moderne.
Le Grau devient un lieu de résidence de bon aloi et le boulevard du front de mer une des plus agréables promenades de la région.
La ville n'a plus à rougir des comparaisons avec la côte d'azur et a su, parallèlement, conserver tout le pittoresque d'un village de pêcheurs.
Côté tourisme, les mentalités changent et les demandes évoluent. Ainsi les locations chez l'habitant sont moins prisées et l'on préfère l'hôtel à la pension de famille. La tendance est maintenant aux petits studios meublés et de plus en plus d'immeubles locatifs sont construits.
En 1953, la création de la route littorale en direction de Montpellier rend la station plus accessible et commence à amener des étrangers (Suisses, Allemands, Belges, Hollandais).
C'est également dans les années d'après guerre que les autorités commencent à se préoccuper de la sécurité des plages. Le ministère de la jeunesse et des sports publie en 1952 une note, sorte de charte du "parfait baigneur" visant à responsabiliser le public face aux dangers de la mer.
Afin de rationaliser l'aménagement du littoral, l'état met alors en place le "plan racine". L'architecte Jean Balladur se charge d'imaginer des structures capables de satisfaire l'arrivée massive de touristes tout en respectant la qualité de vie des autochtones et en préservant l'environnement.
Ces années sont aussi marquées par les évènements d'Algérie. De nombreux rapatriés choisissent de s'installer au Grau du roi. Le village s'adapte à ce nouvel afflux de migrants et la population semble même y trouver un certain dynamisme, dans le domaine de la pêche notamment.
La pêche au globe, dans le canal, témoigne de l'abondance des ressources à l'époque...
Tout comme les prises de thons ; ceux-ci venaient parfois jusqu'à l'entrée du port !
Dans les années 70, les efforts de la ville sont portés sur l'essor économique qui touche l'ensemble du pays et qui permet de développer le marché des loisirs.
C'est par exemple la mode du camping. C'est aussi la mise en place d'un lagunage (un des premiers en france) pour assurer le traitement des eaux usées.
En même temps, le secteur de la pêche connaît via la criée et les entreprises de mareyage une période de pleine expansion. Le bassin de refuge, à l'arrière du canal est terminé. De nombreux commerçants et artisans s'y installent.
La priorité est donnée à 3 directions : un complexe sportif et culturel, un groupe scolaire primaire, et l'aménagement de la sécurité des plages.
La ville essaie de veiller à la gestion et à l'aménagement des équipements tout en préservant ses espaces naturels. La motivation principale est de s'assurer que l'accueil d'une population touristique en constante augmentation, ne se fasse pas au détriment de la qualité de vie.
L'an 2000 a vu l'avènement de l'écologie et de la prise de conscience collective des problèmes environnementaux. Pavillon bleu depuis la création de se label en 1986, Le Grau du roi a toujours été en pointe.
De plus, une grande partie de son territoire est en site classé (en particulier les terres de l'Espiguette) et ses équipements sont des plus performants...
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, l'office de tourisme du grau du roi répondra à toutes vos questions sur la ville !